Terroirs d’Île-de-France : oxymore ou opportunité ?
« Terroirs d’Île-de-France » sonne presque comme un oxymore, car la vision que l’on se fait du terroir reflète davantage le calme de la campagne et de la France profonde; autrement dit tout le contraire de l’environnement encombré et pollué de la région Île-de-France. Je profite du contexte de pic de pollution en France pour rédiger cet article, plus faible en particules fines qu’on ne le pense…
« Terroirs d’Île-de-France », c’est le slogan de la marque de biscuits Les Deux Gourmands (marque partenaire de mon jeu concours, d’ailleurs). Derrière Les Deux Gourmands se cachent Louis et Guillaume, les deux co-fondateurs de la marque de biscuits haut-de-gamme. La marque revendique une identité purement régionale, à savoir que les ingrédients qui composent l’élaboration de leur gamme de biscuits proviennent uniquement de la région Île-de-France. Un ancrage local qui n’est pas sans rappeler la tendance du made in France, du régional, du savoir-faire à l’ancienne, des petits producteurs tout ça tout ça.
Danone avait été précurseur dans cette démarche de communication, en dévoilant pour la première fois la face cachée de la production de ses yaourts. La marque mondiale avait carrément affiché la photo des producteurs laitiers sur ses pots de yaourts, dans une stratégie de communication 100% green. Alors, greenwashing ou conquête d’opportunité insoupçonnée, pour la marque Les Deux Gourmands ?
D’après l’explication des Deux Gourmands, la région Île-de-France possède des denrées méconnues comme des terres étonnement fertiles. Tiens, donc ! Faire bouger l’économie locale au service du goût : telle est la vision de la start-up. Effectivement, quoi de plus durable que l’exploitation des richesses locales pour promouvoir le territoire à travers de bons produits ? Les biscuits Les Deux Gourmands se veulent 100% locaux, avec des ingrédients produits dans le périmètre francilien. A ce jour, la marque propose à la vente 3 parfums de biscuits (les biscuits aux pommes n’apparaissent plus sur le site), avec chaque fois une indication sur la localisation de l’ingrédient phare de la recette :
- biscuits au coquelicot de Nemours
- biscuits au miel du Gâtinais
- biscuits au chocolat du Pecq
Pour bien insister sur l’ancrage régional, Les Deux Gourmands ont cartographié les villes d’où proviennent les ingrédients des biscuits, en reportant toujours le nombre de kilomètres par rapport à un point dit central : le « Point Zéro des Routes de France » situé sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ainsi, on a par exemple la présentation de l’exploitation de Favières qui fournit le beurre, ou encore de la sucrerie de Nangis, qui produit du sucre de betterave 100% francilien (tiens, ça me rappelle mon coup de gueule sur l’odeur exécrable des plantations de betteraves sur le bord de la nationale, ici). J’aime beaucoup cette schématisation, simple et très parlante finalement.
La boîte de biscuits n’est pas donnée : à partir de 2,95€ le petit format, à près de 6€ pour la grande boîte. Donc à offrir plus qu’à s’acheter par impulsion. Il faut bien les faire vivre, nos producteurs d’Île-de-France ! Le prix s’explique aussi par le fait que les biscuits sont pratiquement faits main, en l’occurrence par les petites mains de nos deux co-fondateurs. Enfin, ça c’est ce qu’ils disent, mais quand on sait que ces fameux biscuits sont commercialisés notamment au Bon Marché et aux Galeries Lafayette il y a de quoi douter. Quoi qu’il en soit, je trouve la démarche très originale de valoriser le terroir d’Île-de-France, comme quoi cette région aussi a droit de revendiquer un terroir, après tout.
Le packaging de ces petites boîtes est très qualitatif, en relief avec de belles couleurs qui permettent d’identifier en un clin d’œil le parfum choisi. Design magnifique, qui justifie également le prix des petits cubes. Après au niveau du goût, j’avoue que j’étais extrêmement curieuse de goûter les biscuits au coquelicot, de découvrir le goût de cette fleur, de percevoir l’arôme jusqu’ici inconnu de cette saveur. Eh bien pour tout dire, je n’ai pas tellement perçu de goût prononcé. J’ai dû faire un aller-retour bizarre d’air dans ma bouche, pour me convaincre psychologiquement de sentir effectivement un petit parfum nouveau, parfumé, floral disons. Je me serais attendue à davantage de surprise, mais bon j’imagine que le parti pris était plus d’étiqueter le nom que de dégager un goût peut-être trop fort et trop prononcé de cette fleur. De plus, je pense que la quantité de coquelicot doit coûter rudement cher au kilogramme pour se permettre d’en insérer en grande quantité dans chaque pâte à biscuit. Mais quand même, un peu déçue. Le biscuit au chocolat est bon, il me fait penser à un croisement entre le cookie et le sablé breton (goût beurré assez trop présent). Mon parfum préféré est le biscuit au miel : il est juste dosé en miel, c’est vraiment un régal, même si au niveau de la texture j’ai encore été dérangée par le côté « spongieux » du beurre. Mais un biscuit sans beurre, ce n’est pas un biscuit !
Coup de cœur pour la marque Les Deux Gourmands, qui a su redonner à la région parisienne ses lettres de noblesse dans la catégorie agroalimentaire. J’aimerais moi-aussi révéler comme ça, des richesses insoupçonnées, et les exploiter au service du développement durable. Quand les pots de miel font mentir les pots d’échappement : vive Paris, vive l’Île-de-France !