Mc Carthy et la chocolaterie
Ce week-end, j’avais envie de chocolat, mais le beau temps m’a dissuadée d’aller m’enfermer dans un grand hangar bourré de monde. C’est donc tout naturellement que j’ai trouvé une alternative au Salon du Chocolat, en me rendant à l’exposition Paul McCarthy – Chocolate Factory au Musée de la Monnaie.
Le Musée de la Monnaie est située à deux pas du Pont-Neuf, et c’était un plaisir de me promener sans manteau à Paris un 1er novembre, sur les quais de Seine.
L’exposition de Paul McCarthy est très médiatisée, notamment de grandes affiches dans le métro parisien. Il faut dire que l’on a beaucoup parlé de Paul McCarthy ces derniers temps, en rapport avec son oeuvre, qualifiée de « sapin géant » par les uns et de « plug annal » par les autres, dégonflée sur la Place Vendôme à Paris la semaine dernière.
J’ai été agréablement surprise de constater que l’exposition était très calme, avec peu de visiteurs. Après m’être acquittée de 5€ à la billetterie (la joie d’avoir moins de 25 ans !), j’entre dans l’univers Paul McCarthy. Je suis accueillie par des constructions gonflables géantes, exposées en haut des escaliers principaux du Musée de la Monnaie. Quel contraste, entre cet art contemporain et criard, et les fines dorures du Musée ! Comment qualifier ces structures ? En forme de plug annal, désolée si cela choque, mais il faut dire ce qui est.
Mes lectures en amont de la visite décrivaient une exposition totalement repensée pour plonger le visiteur dans une dimension expérientielle, caractéristique de l’artiste. La reproduction d’une chocolaterie géante au Musée de la Monnaie. Je confirme : cette configuration est surprenante et inédite par rapport à ce que j’ai pu voir d’un musée jusqu’à présent.
Dès l’entrée dans l’exposition, on aperçoit une grande cabane plantée là, au milieu de la pièce royale avec volutes en or et peinture grandiose au plafond : quel univers contrasté ! Et dans cette cabane, on entrevoit une cuve en inox qui coule le chocolat, une grosse machine qui moule le chocolat, et trois petits lutins qui s’y affairent toute la journée. Les trois lutins, en référence à Willy Wonka et la chocolaterie, ne sont autres que des jeunes femmes habillées d’un uniforme rouge et d’une perruque blonde platine. Stricte interdiction de parler aux visiteurs, ni de les regarder.
Reproduire l’ambiance d’une usine avec des machines. Une production à la chaîne de chocolats, le modèle « Santa » et le modèle « Tree ». Les autres pièces de l’exposition sont composées de grandes étagères, comme les rayons d’un supermarché. Les créations en chocolat sont entreposées ici, couche après couche. Ci et là, les personnages en chocolat s’érodent, faute à la chaleur et peut-être aux mains des visiteurs trop curieux.
L’exposition disait sur le papier faire appel à nos 5 sens. Dans l’ordre :
- l’odorat : une délicieuse odeur de chocolat fraîchement coulé nous accompagne tout au long de la visite.
- la vue : le moulage du chocolat est surprenant voire choquant. C’est tout l’intérêt de cet art contemporain voulu par Paul McCarthy : banaliser l’image d’un plug annal, et mener le visiteur au-delà des apriori parfois choquants, vulgaires ou outrageux.
- le toucher : impossible de résister à l’envie de toucher à tout, des moulages aux machines.
- l’ouïe : l’exposition nous pousse dans nos retranchements, en diffusant sur des hauts-parleurs les grognements de l’artiste en plein gribouillage. Paul McCarthy était-il fou ? Ses notes au marqueur noir sur papier blanc sont affichées aux murs, et l’on distingue à peine les injures écrites grossièrement à la main gauche : fucking american, stupid france, etc.
- … et c’est tout ! Quelle déception que le GOÛT, seul sens auquel on pense lorsqu’on évoque le chocolat, ne soit même pas proposé !!! Donc en gros on se balade 30 minutes dans l’exposition, on sent le chocolat, on voit le chocolat, on touche le chocolat, on l’entend presque, mais on ne peut pas le manger ! Scandale !!!
Lorsqu’au bout de la troisième ou quatrième pièce (seulement) de l’exposition, j’aperçois la boutique de souvenirs, mon esprit de torture et ses questionne : ils ne vont tout de même pas laisser repartir sans un petit carré de chocolat à se mettre sous la langue !? Eh bien si. Le seul moyen pour repartir avec son Santa en chocolat, est de le payer 80€. Glurpps, à ce prix là je vais au Franprix du coin pour épancher ma gourmandise. Je suis donc sortie de l’exposition un peu frustrée. D’ailleurs, sur le retour vers la sortie je trouvais l’odeur du chocolat écœurante et les bruits de grognements insupportables (pauvres vigiles !).
Une découverte plaisante et amusante malgré tout : un tout nouveau format de visite, libre, sans sens de la visite, et un univers totalement décalé. Autant l’artiste et ses formes peuvent choquer certaines personnes, autant le chocolat en lui-même met tout le monde d’accord : Chocolate Power 😉