Digital Food Club #14
Hier la quatorzième édition du Digital Food Lab, le rdv le plus foodtech de Paris, s’est tenue à l’école et incubateur Ionis 361.
Jérémie et Mathieu, les fondateurs du DFLab ont commencé par la présentation de Ionis 361, l’incubateur qui a formé notamment les créateurs de la célèbre startup MangoPay ou encore du site de rencontre Happn.
À noter que pour l’édition précédente nous avions été accueilli par l’incubateur Smart Food Paris : l’objectif des différentes éditions est d’investir à chaque fois un nouveau lieu d’innovation pour le présenter aux participants.
S’est ensuite enchaînée la présentation classique du Digital Food Lab, son objectif et ses enjeux. En bonus, Jérémie et Mathieu de WeCook nous ont fait le plaisir d’exposer leur étude sur la place de la foodtech en France. En effet, on remarque que le secteur de la foodtech a gagné plusieurs parts de marché en Asie et aux États-Unis, cependant sa croissance sur la scène européenne est plus modérée. Nous qui, en Europe, semblons déjà posséder l’ensemble des richesses (savoir-faire, tradition, produits, technologies…), sommes en fait en retard en matière d’innovation alimentaire digitale ! Pour quelles raisons ?
La présentation PPT était courte mais riche en enseignements et surtout ouverte à la réflexion. Justement, c’était au tour des 4 startups foodtech de prendre la parole pour présenter leur contribution au secteur.
Rappel des règles : 5 minutes pour pitcher, 5 minutes pour répondre aux questions du public. Pas une de plus !
1) Première startup à se lancer : Aéromate, une startup qui cultive des fruits, légumes et herbes aromatiques à destination des restaurants. Elle propose également aux entreprises qui le souhaitent d’entretenir leur potager, par exemple sur une terrasse ou un toit d’immeuble, puis reverser les fruits aux collaborateurs. Aéromate s’inscrit dans la tendance du manger local, aussi appelé « farm to home », visant à réduire la distance entre le lieu de production et le lieu de dégustation d’un produit (aujourd’hui estimé à 250km en moyenne). La technologie utilisée par Aéromate s’appelle l’hydroponie biologique : il s’agit de culture hors sol sans terre, dans un circuit d’eau fermé.
2) Au tour de Foodvisor de se lancer. Cette startup était un peu la guest-star de la soirée vu son succès énorme dès le lancement. En deux mots, Foodvisor permet aux personnes de calculer leur apport calorique journalier grâce à une simple photo de leur assiette. L’application a été développée pour identifier l’aliment d’une part, et d’en estimer la quantité d’autre part, de façon à afficher un nombre de calories. La technologie utilisée s’appelle le « deep-learning ». L’application est l’outil rêvé pour les personnes qui souhaitent par exemple faire un régime pour perdre du poids. Pour aller plus loin, on peut penser à l’enjeu des « nutrigenomics », autrement dit l’analyse précise du génome d’un individu pour ensuite lui prescrire les doses dites idéales pour être en bonne santé.
3) La troisième startup à pitcher s’appelle MyBaguette. Son fondateur, Joffrey, n’en est encore qu’aux débuts mais il déborde d’idées. Fraîchement diplômé, cet entrepreneur issu d’une école de commerce parisienne souhaite développer la livraison de baguette de pain aux particuliers, le soir après le boulot. En effet de 20h à 22h, des livreurs de baguette pourront fournir les différents foyers, à une heure où les boulangeries ont déjà baissé le rideau de fer. Reste à mettre en place les flottes de livreurs, et les négociations avec les boulangeries. Si le business de MyBaguette est encore embryonnaire (lancé il y a seulement deux semaines !), le marché n’en est pas moins gigantesques : 98% des Français consomment du pain; il se vend 320 baguettes par seconde (!); le marché global est estimé à 11 milliards d’euros par an. Bon courage à MyBaguette, qui se lance sur le marché de la livraison grâce à sa page Facebook SOS Baguette. Dans un futur plus ou moins proche, la startup proposera certainement de livrer d’autres produits de boulangerie comme les viennoiseries par exemple. Mais vu la vitesse d’expansion de boîtes déjà mûres et aussi agressives que Deliveroo par exemple, quelle place reste-t-il pour ce créneau ? Quoi qu’il en soit, MyBaguette s’inscrit dans les démarches anti-gaspillage alimentaire et trouvera certainement des partenaires pour soutenir son développement.
4) Quatrième et dernière startup qui n’est plus vraiment une startup : YouOrder. Il s’agit d’une société de logistique qui assure ce qu’on appelle « le dernier kilomètre », autrement dit la livraison urbaine jusqu’au client final. YouOrder salarie tous ses livreurs, sans doute un enseignement post-flop de Take Eat Easy… YouOrder peut paraître transparent, et pourtant il faut savoir qu’il est prestataire de nombreuses startups food et entreprises de moyenne et grande taille. Entre autres : Nestor, Frichti ou encore Foodchéri. Au niveau des tarifs, YouOrder fait payer entre 22 et 25€ par heure et par livreur. Pour résumer l’activité de YouOrder, c’est un peu l’équivalent de Manpower dans la foodtech. En fait, les fondateurs sont partis du principe que de nombreux acteurs de la foodtech, et principalement les startups de livraison de repas, marketent énormément sur la livraison sans pourtant en connaître les modalités. Le marché est extrêmement porteur, et dans un futur proche, YouOrder pourra peut-être sous-traiter ses livreurs à des boutiques autres que food. La question des équipements se posera à ce moment et notamment l’acquisition de camionnettes, car pour l’heure la société utilise des triporteurs et des motos électriques.
Une fois les pitchs terminés et les questions assouvies, les deux présentateurs du DFLab ont invité les participants à se rendre au 9ème étage de l’incubateur afin de profiter du pot. La séance de networking est souvent le moment le plus attendu des participants. Classiquement, les pitcheurs se font harponner, et les victuailles sont rapidement prises d’assaut. Sur la table, j’ai découvert des canettes de … vin ! Je n’aime pas l’alcool donc je n’ai pas pris le temps d’en goûter, mais je souligne l’originalité du format. J’ai pris le plaisir de m’incruster dans des groupes d’inconnus comme j’adore faire, et échanger des informations mutuelles, et autres cartes de visite. La prochaine édition du Digital Food Lab aura lieu autour du 8 décembre. Stay tuned !