Food is Social 2017
Hier matin, le Hub BPI France a hébergé la conférence la plus FoodTech de l’année : Food is Social, gracieusement organisée par l’agence de communication Kingcom. Pascale Azria, Directrice Générale de l’agence et co-fondatrice de cet événement devenu clé, a mené à la perfection le déroulé des interventions et l’animation des débats. Retour sur une matinée gourmande et connectée, riche en enseignements.
Etant donné que ça a tweeté à gogo pendant la conférence avec le hashtage #FIS2017, j’illustrerai mes différentes rubriques avec des tweets !
INTRODUCTION
Les innovations food de demain doivent prendre en compte 2 enjeux majeurs :
- comment nourrir 9 milliards d’Hommes sur Terre en 2050 ?
- comment adapter les produits de demain aux nouveaux modes de consommation ?
Ces dernières années, les startups foodtech ne cessent de fleurir un peu partout en France, et le montant des levées de fonds est exponentiel, qu’il s’agisse d’investisseurs privés ou publics. En 2016, BPI France a financé pas moins de 3600 startups.
Les startups sont le moteur de l’innovation en matière alimentaire, et obligent indirectement les grandes entreprises traditionnelles à se remettre en question et à adopter un modèle agile, plus adapté aux consommateurs d’aujourd’hui et de demain.
PARTIE 1 : FOOD INSPIRATIONS
Intervention de professionnels de l’institut KANTAR WorldPanel pour décrypter les pratiques digitales actuelles, et expliquer comment les marques utilisent les datas sur la toile pour orienter leur stratégie de développement produit.
La cible des 18-35 ans appelés « Millenials » est la population la plus digitalisée aujourd’hui. Ils représentent actuellement 1/3 de la population mondiale, et cette proportion passera à 1/2 d’ici 2020.
Le mode de consommation des Millenials est très particulier : le modèle traditionnel entrée+plat+fromage+dessert disparaît au profit de moment de repas pris sous forme de snacking. Les produits plaisir sont privilégiés, et l’apéro reste un instant phare. Dans leur caddie, les Millenials achètent beaucoup de produits d’assemblage, compromis entre garder l’habitude de cuisiner à la maison, mais en un temps limité. Enfin, les Millenials sont les plus gros acheteurs de produits frais et bio.
Les marques alimentaires redoublent d’efforts pour interpeller les Millenials. En retour, ceux-ci interagissent à 39% sur les réseaux sociaux et sur la toile pour donner leur avis (blogueurs, forums, etc.) sur les produits. Aujourd’hui, les marques les + citées sur les réseaux sociaux sont : Innocent, Michel & Augustin, Ben&Jerry’s, Nutella, Starbucks Coffee.
En termes de mode de consommation, les repas livrés à domicile ou au bureau représentent 5% des repas au total chez les Millenials. D’ailleurs, 50% ont déjà passé commande : et vous ?
PARTIE 2 : FOOD TRANSFORMATION / nouveaux services
Alors cette partie, c’était la meilleure selon moi : le fight entre la distribution traditionnelle physique, représentée par Franprix, et les nouveaux acteurs de la FoodTech avec : la livraison Stuart, la livraison de plats préparées en atelier FoodChéri, et ma chouchou la fondatrice de Optimiam, application d’anti-gaspillage. Et contrairement à ce qu’on aurait pu croire par la force du nombre, Franprix s’est plutôt très bien défendu, s’inscrivant dans l’ère du temps notamment grâce à ses paris osés ! On aime ça !
Les atouts de Franprix :
- bonne implantation en centre-ville
- ouvert tard
- omnicanal
Si Franprix a choisi de ne pas se digitaliser à 100% comme Amazon par exemple, c’est bel et bien pour conserver sa présence physique dans les villes, et justement améliorer l’expérience en magasin, « IRL » comme on dit (In real Life). Il est important de rester « populaire » pour rester en phase avec les gens, notamment les Millenials évoqués plus haut. Franprix est fier de son best-seller qui cartonne auprès des jeunes (mais pas que) : la barquette de poulet-pommes de terre à 3,90€ !
FoodChéri est également dans la recherche de lien social, ou comment livrer des repas bons et sains tout en recréant l’atmosphère conviviale d’un restaurant traditionnel assis ? Les livreurs de Stuart sont sollicités par des acteurs différents, d’autant plus que la densité de population sur des grandes villes comme Paris permet de proposer des coûts logistiques très compétitifs.
A contrario, la cible des Senior semble bien loin de toutes ces innovations. Pourquoi ? Plusieurs hypothèses :
- ils ne sont pas (assez) connectés
- ils souhaitent conserver du lien social en privilégiant l’humain
- pas assez d’offre
Pourtant, les Senior représentent un potentiel business énorme ! On a évoqué l’imprimante 3D, pouvant être utilisée dans la restauration collective.
PARTIE 3 : FOOD TRANSFORMATION / nouveaux produits
Attention soyez bien attentifs car ça va parler chiffres ! Enfin parler oui, mais j’ai choisi de retranscrire uniquement les grandes lignes, l’idée étant que les marques sont tellement attentives à ce qu’il se passe sur les réseaux sociaux que leur stratégie de développement produit en dépend. Tous les ans, il faut savoir que les marques ont une pression énorme sur les nouveaux produits : il faut innover ! il faut innover ! Sauf que trop de datas tuent les datas, on ne sait plus ce qu’on cherche, on ne sait plus où on va. L’espérance de vie d’une inno ? 80% ne passent pas la deuxième année. Dommage ..!
Il est donc important d’être au plus près de la réalité afin de proposer des produits pertinents par rapport à la demande. Le Saviez-vous ? Suite à la récurrence des mots « vegan » ou « végétarien », la marque Herta a lancé sa gamme « Le Bon Végétal« , proposant ainsi des alternatives à la viande grâce à un mélange de blé et de soja : nuggets, escalopes, boulettes ou encore steaks.
L’analyse des tendances par le « social listening » ne révèle pas que des bonnes nouvelles : les réseaux sociaux sont également véhicules de scandales, comme on l’a vu récemment avec la viande de cheval dans les lasagnes, ou encore les différents scandales sanitaires liés à l’alimentation infantile. L’entreprise centenaire voire même cent-cinquantenaire Nestlé qu’on ne présente plus, propose l’opération #CEstMoiQuiFabrique : l’entreprise ouvre les portes de 5 usines au grand public, pour promouvoir la transparence la plus totale. Chapeau bas ! L’opération démarre le 5 mars : tenez-vous prêts !
Du côté de la startup de petits pots de bébé Yooji, la transparence est également au cœur de la stratégie. Aussi, la startup a décidé de se positionner sur une gamme de produits surgelés 100% bio. Ce sont les mamans qui choisissent chaque jour quelles saveurs elles vont mettre dans l’assiette de leur enfant.
Ce qui est sûr et certain au vu des tendances food, c’est qu’on mangera mieux demain. A ce stade, focus sur l’opération coup de poing d’Intermarché : « Sugar Detox« . Il s’agit de faire redécouvrir le vrai goût des aliments, à travers une gamme dédiée de produits.
PARTIE 4 : FOOD CONVERSION
Etude de cas pratique avec la PME agroalimentaire : Groupe Poult, que je ne connaissais pas avant cette conférence. Vous non plus probablement, et pourtant ce sont eux fabriquent les biscuits de la marque Michel & Augustin, les « Prince » de LU, ou encore les biscuits OREO !
Le Groupe Poult, entreprise centenaire, a du suivre une nouvelle stratégie d’innovation pour survivre. A partir de l’année 2001, la paisible entreprise familiale s’est transformée en véritable machine de guerre grâce à une vision tournée vers le futur. Le conseil d’administration a été supprimé au profit de collectifs stratégiques dont les membres changent chaque année. Les employés ont été formés un par un pour se mettre à niveau des nouveaux dispositifs. Les valeurs de l’entreprise ont été complètement brainstormé par l’ensemble des parties prenantes.
Très vite, les employés du Groupe Poult ont compris que l’innovation passe par l’humain, par sa volonté à se dépasser. C’est ainsi qu’est née la cellule intrapreneuriale, dont un exemple très parlant est le challenge Open Innovation : chaque année, un salarié ou un groupe de salariés mettent au point une innovation et la présentent ensuite lors de salons professionnels. Un bon moyen de fidéliser les employés, de les transformer en ambassadeurs de marque, et bien évidemment d’exploiter tout leur potentiel créatif !
PARTIE 4 : FOOD REVOLUTION
En conclusion de cette conférence, Daniel Geiselhart de la société Silex ID nous a projeté pas mal de photos de robots je vous avoue. Alors, est-ce que c’est ça, le futur ? Déjà dans les films de science-fiction on voyait des petites machines nous mâcher le travail : des robots livreurs, de la nourriture déshydratée qui couvre 100% de nos besoins nutritionnels journaliers, ou encore des pschits qui donnent le goût artificiel pour avoir l’impression de manger du chocolat sur une feuille de salade. WTF ?
En vrac, nous avons évoqué le frigo intelligent qui nous fait des suggestions de recette à partir des ingrédients présents à l’intérieur, l’imprimante 3D pour cuire les crêpes, le restaurant sous-marin hyper sensoriel, la poubelle qui transforme instantanément nos déchets en compost, ou encore le premier testeur de gluten. Trop ché-per ? On verra dans les prochaines années. 😉
Un grand merci à Pascale Azria et à toute l’équipe de Kingcom pour avoir fait de cette conférence une réussite, et RDV à la prochaine édition !