Le Paris Noir
Idée de super programme d’un samedi automnal en compagnie de sa meilleure amie : participer à une visite du Paris Noir, guidée par Kévi.
Durant deux heures, nous étions un groupe de vingt personnes à déambuler dans le 18ème arrondissement de Paris, afin de casser les clichés de ce quartier. Les visiteurs avaient principalement connu le Paris Noir grâce aux suggestions Facebook, et par le biais de l’Office du Tourisme du 93.
Cette visite rive droite débute devant le Moulin Rouge, dans le sulfureux quartier de Pigalle, « pig alley » selon les Américains. Nous poursuivons avec l’historique musical du quartier et la naissance du jazz grâce à l’arrivée des premiers afro américains dans les années 20. A l’époque les parisiens découvrent ce nouveau style de musique enjoué, au plus grand dam des musiciens français.
À chaque arrêt devant un lieu révélateur d’histoire, Kévi nous raconte des anecdotes et les illustre grâce à un diaporama d’images d’archives enregistrées dans son Galaxy Note. C’est fort agréable et ludique.
En passant par le quartier Montmartre, Kévi revient sur les pas de Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso qui déjà à l’époque s’inspirent de l’art africain dans leurs réalisations, après un voyage sur le continent.
La Goutte d’Or incarne ce que Kévi dénomme « la centralité africaine ». De nombreuses diasporas viennent se fournir dans le quartier de Château Rouge en :
- nourriture (safou, ignames, bananes plantin etc.),
- tissus (wax),
- coiffure,
- forfaits mobiles pour appeler à l’étranger (Lyca mobile, Lebara mobile).
Mais savez-vous d’où vient le nom « Goutte d’Or » ? À l’époque le quartier de Montmartre était perdu en pleine campagne, et le quartier tire son nom du vin blanc local, couleur or.
Les politiques ont voulu conserver la richesse multiculturelle du quartier : de l’opération tiroir opérée au 19ème siècle (reloger des familles au même endroit droit après rénovation des bâtiments) à l’installation de la brasserie chic « Brasserie Barbès » au pied de la station de métro, en mai 2015. C’est la gentrification de Barbès : les personnes à l’intérieur du restaurant et les personnes à l’extérieur du restaurant ont un profil très, très différent. Et pourtant, elles se côtoient au quotidien. Rien de tel pour casser les préjugés notamment sur la polémique des « no-go zones ».
Nous avons croisé une manifestation de rue. Nous avons déambulé non sans mal dans le « marché des 5 continents » de Château Rouge. Là bas, le simple mot « POLICE ! » peut provoquer la pagaille.
Ce qui m’a beaucoup plu dans la visite du Paris Noir est le lien entre l’esprit de l’époque, et l’ancrage dans la société contemporaine. Aujourd’hui malgré la précarité du quartier (présente depuis les années 70 c’est à dire déjà avant l’arrivée des immigrés sub-sahariens !), des créateurs de mode s’installent et exposent leur art.
D’ailleurs nous avons eu l’occasion de rencontrer vers la fin de la visite Le Bachelor, aussi appelé « le sapeur ». Ce personnage haut en couleurs nous a fait l’honneur de quelques conseils stylistiques pour chaque visiteur. Applaudissements de rigueur.
Kévi est un guide de talent, passionné par son métier. Il a créé le Paris Noir il y a trois ans. Mon amie et moi pensons suivre la visite rive gauche : sur la trace des grands hommes Noirs qui ont fait l’histoire de Paris. Kévi anime également une visite du Panthéon Noir, pour changer des visites guidées vues et revues. Réservez vite !